Hier à Sarria, fin de mon étape, j’ai annoncé 103 km restant.

Or Sarria – grande ville de départ – revendique la borne 111 km jusqu’à Santiago.
Je ne serai pas plus royaliste que Juan Carlos,

et je rectifie donc mon compteur.

De toutes façons, je sais que mon chemin s’est arrêté ce matin.

Pour obtenir la Compostella – la reconnaissance du chemin -, le bureau officiel de la cathédrale de Santiago, exige que les 100 derniers km soient fait à pied – ou 200km en vélo – et contrôle très sérieusement les sellos « tampons » des crédentiales.

La Compostella, est un atout important pour la jeunesse espagnole.
C’est une ligne très appréciée sur un CV. Cela donne même des points en option pour certains diplômes.
Ill paraît qu’en certains endroits, il est d’un meilleur effet pour enlever sa belle, de présenter ce titre à son futur beau-père.

Alors, à partir de Sarria, c’est la foule.
J’ai eu du mal à trouver une place en albergue.
1er juillet, fin de la scolarité. Des groupes de jeunes se retrouvent sur les routes et dans les hébergements, à la poursuite de ce graal.

Mais le chemin, n’est plus le même.
Il faut prendre sa place dans la file. Attendre son tour, pour une photo, un café, un silence.

Ça crie, ça gesticule, ça téléphone, ça mange, ça boit et ça jette. Je les suis à la trace.

Le chemin est devenu poubelle.
Et pas un salut, pas un bonjour, pas un « buene camino », le mot du chemin.
Les accompagnateurs, pas mieux.

J’ai vécu ma dernière nuit en Albergue à Sarria.

Petit matin. Les sacs ne sont pas prêts, les portes claquent, les téléphones sonnent, les conversations d’installent, les lampes balaient le dortoir.

D’enfants rois, capricieux et adulés, ils sont devenus ados irrespectueux et ignorants.

C’est une mauvaise journée qui s’impose.
14h, j’approche du but. Portomarin se dessine au loin.

Je m’arrête là.
J’ai parcouru 1 444km, il m’en reste 88 !!
A suivre ….