Le chemin dit : « Si tu pars randonneur, tu arriveras pèlerin »
..et au bout du chemin : « Si tu peines bien, tu arriveras quand même au rang d’honneur ».

C’est une trop belle journée annoncée, je décide de doubler l’étape. Le plan guide indique 2x16km. Mon podomètre en indiquera 36 à l’arrivée. Bon d’accord, il cumule les impulsions, et je ne l’ai pas coupé pendant la pause casse croûte. Idem dans les montées ardues en escalier ou les pas verticaux ne font guerre avancer. Mais le plan indique la distance à l’arrivée de l’étape et le départ depuis la sortie de la ville. Il oublie la traversée. Et Espalion, c’était plus d’un 1,5km. Alors je négocie à 34, pas moins. J’en ai assez bavé !

Pourtant ça avait super bien commencé, par une côte évidemment, mais qu’elle vue !

Ensuite des successions de chemins de traverses, de collines ensoleillées, de bois rafraîchissants dans une nature en plein émoi.

Le chemin, terrain de jeu du hasard et de l’insolite. Comme ces 2 frères gallois et musiciens, sortis d’un sentier d’herbe où ils avaient passé la nuit.

Ils vont au fêtes de Pampelone, Ils ne parlent pas Français, connaissent qques mots d’espagnol au cas où ! Alors on a parlé rugby, avec les mains bien sûr.
Puis il y a Serge. Un baroudeur qui a fait le chemin il y a 40 ans. Depuis il sillonne le monde dans tous les sens à la rencontre de l’autre, pour le connaitre et lui parler tout simplement.

Il est breton et historien de son pays. Il a usé son bâton sur les chemins de Bretagne en pénitence des fautes et des péchés que ses ancêtres corsaires avaient certainement commis selon lui.

Il a plus de 70 ans, il n’en a gardé que les printemps dans ses yeux clairs.

En haut, un promontoire. Le chemin débouche juste derrière une statue.

Magique comme effet surprise. On a envie de lui parler, lui dire bonjour. De la voir en face. De lui confier quelques mots. Des fois que !! Alors elle se retourne et te regarde.

Mais avant ça, je ne vous ai pas dit ?

Ce matin au réveil, lors de l’appel et de la revue des troupes, manquait un genou !! Refus de participer. Grosse douleur articulaire. Je m’en doutais, hier j’ai voulu suivre un couple de Québécois qui gambadaient devant moi. On a marché ensemble, mais ils avaient une allure de fuyards. Lui baraqué et sportif accompli, elle tout petit format en concentré d’efficacité. De dos on lui donne 12 ans et de profil 10. Je ne me suis pas méfié et je les ai suivi. Aïe.

Mon 1er strapping – Martine help !!

Et ça a tenu, et même bien tenu. Pourtant la fin de l’étape fut coriace. Sur les 4 derniers km, une succession d’ascensions en paliers de plus en plus raides.

Trop dur de soulever les jambes, et de hisser le sac. J’ai fait les dernières lignes droites, sous un cagnard d’été, sans eau, à grandes enjambées pour arriver avant l’heure limite du gîte. Je suis arrivé à Estaing, superbe village comme indiqué sur le panneau à l’entrée. Juste à temps pour récupérer ma clé, et regarder les rideaux des commerçants se baisser.

J’ai marché 9 heures. C’est trop.

J’ai déjà fait 169 km, il m’en reste 1353. A suivre …..